Qu’est-ce que le format HEIF ?

Après avoir fait son apparition sur les iPhone sous l’extension .heic, le format HEIF s’est étendu aux appareils photos professionnels, aujourd’hui nombreux à le proposer avec l’extension .hif.

Quel est son intérêt et remplacera-t-il le .jpeg comme certains le pensent ?

Le HEIF (High Efficiency Image File Format) est un format de fichier informatique développé par le MPEG (Moving Picture Experts Group) et normalisé en 2017. Plus précisément, c’est un conteneur qui permet l’enregistrement d’images individuelles ou de séquences d’images avec leurs métadonnées et exploite le codec vidéo HEVC (High Efficiency Video Coding), que l’on trouve également sous l’appellation H.265. Après qu’Apple l’a intégré à son iPhone 7 et à iOS11, il a été adopté par des smartphones sous Android, et est aujourd’hui aussi proposé dans les appareils photo comme les Canon EOS-1D X Mark III, EOS R5, EOS R6 et R6 II, EOS R3, Sony Alpha 1, A7S III, A7 IV, A7R V ou encore Fujifilm X-H2, X-H2s ou X-T5, tandis qu’il est reconnu par macOS et Windows.

Meilleur et moins lourd

Si le HEIF fait ainsi des émules, c’est non seulement parce qu’il permet d’enregistrer aussi bien des photos qu’une succession de photos, donc des vidéos, et du son, mais surtout parce qu’il propose une meilleure compression que le Jpeg tout en conservant une meilleure qualité d’image. Car là où le Jpeg ne supporte qu’un codage en 8 bits/couche, le HEIF peut en théorie aller jusqu’au 16 bits et est aujourd’hui exploité pour coder les images en 10 bits/couche. Cette plus grande dynamique d’enregistrement est donc synonyme d’une plus grande latitude de correction en postproduction. Contrairement au Raw, le HEIF est un format « dématricé » qui tient compte des réglages de balance des blancs de l’appareil et qui ne demande donc pas d’interprétation ultérieure. Surtout, son plus gros atout est son algorithme de compression qui permet une meilleure qualité d’image que le Jpeg avec un poids de fichier jusqu’à deux fois inférieur. Pas étonnant donc que les fabricants d’appareils photo l’aient introduit dans leurs boîtiers professionnels. Le HEIF présente un intérêt supérieur au Jpeg pour les photographes d’agence qui envoient un grand nombre de photos directement depuis le terrain.

Compatibilité encore réduite

S’il ne semble avoir que des avantages, le HEIF souffre néanmoins de deux gros défauts : sa non gratuité et son jeune âge. S’il l’extension .heic utilisée par les fabricants de smartphone est aujourd’hui reconnue par les systèmes d’exploitation ou par certains logiciels comme Lightroom Classic, Lightroom ou Camera Raw, elle ne l’est toujours pas des navigateurs web, des réseaux sociaux ou des bornes d’impression qui imposent donc une conversion en Jpeg. Surtout, cette compatibilité n’est assurée qu’avec les fichiers .heic des smartphones et pas avec l’extension .hif choisie par Canon, Sony ou Fujifilm pour leurs appareils photos. Pour ouvrir ces fichiers, il faut soit modifier manuellement leur extension en .heic ou .heif, soit passer par des logiciels dédiés, ceux des fabricants, DPP pour Canon, ou Imaging Edge pour Sony dont l’ergonomie et les performances ne sont pas les plus réputés, ou ceux dédiés à la conversion du HEIF en Jpeg. Prometteur, le format HEIF est donc pour l’instant très contraignant et impose un workflow qui manque de fluidité. Savoir s’il remplacera le Jpeg un jour ne dépend donc que des éditeurs de logiciels et autres navigateurs Internet. En attendant, le Jpeg a encore de beaux jours devant lui.